Regardez attentivement. Est-ce que vous nous voyez? Ce que nous faisons ici et comment nous devenons ce que nous sommes? Quel extraordinaire amas d’objets recyclés, rebattus et réinventés! Pourquoi ce grand besoin de changer constamment? Notre comportement est étrange, en effet. Pourquoi changer l’apparence de nos vêtements ou mettre des motifs sur un canapé? En réinterprétant ces objets nous dévoilons les refuges du “soi”.

Mes tableaux sont, par le truchement des choses que nous faisons, une représentation de nous-mêmes dans différents états existentiels. En partant de l’aspect originel de quelques pièces de mobilier, j'ai simplement décidé d’en prolonger ou d’en exagérer les lignes respectives. Les courbures, les volumes et les pentes, une fois prolongées, deviennent des contorsions et des enroulements révélateurs de quelque chose d’autre. Nous transformons L’aspect des objets que nous faisons, non seulement pour des raisons pratiques, mais également pour laisser quelques traces du passage de notre temps.

Les oeuvres sur papier représentent trois chaises d’usage courant. Comme dans un catalogue de vente, elles seront disposées, à raison d’une chaise par image, contre un fond de couleur pastel. Les trois tableaux seront encadrés en toute simplicité et accrochés à proximité les uns des autres. Dans la première chaise se trouve tissée de façon tendue un cocon de soie. La deuxième pièce est un fauteuil rembourré. À son dossier est accroché un sac à dos et un nécessaire de randonnée en plein-air. La troisième chaise, transporte sur son dossier une autre chaise identique à celle-ci mais de format plus petit.

     

Les huiles sur toile représenteront deux méridiennes. L’une, de couleur jaune, sera pourvue d’un traversin à l’une de ses extrémités. Les pieds supportant ce meuble se prolongeront pour s’enrouler autour du traversin, donnant ainsi l’impression d’être des piques. La deuxième méridienne sera peinte d’un motif de couleur verte et elle aura la forme d’une ligne brisée, rendant ainsi impossible toute tentative de s’y asseoir. On verra aussi une chaire à deux pieds qui aura l’air d’être en train de ressusciter, rendant ainsi proéminente la face antérieure des pieds. Cette pièce, par l’atmosphère qui s’en dégagera, sera faite pour être accrochée au mur à une bonne hauteur.

Un fauteuil en velours rouge sera tordu de telle sorte qu’un de ses côtés viendra aboutir sur le siège. Étant enroulé sur lui-même, il donnera l’impression d’être en train de basculer sur le côté comme si, avec son pied qui dépasse, il allait tomber à la renverse.

Il y aura aussi le tableau d’un lit montré en grandeur réelle. Ce lit aura une forme carrée et il sera présenté à la manière d’un diamant avec un coin pointé sur le spectateur. Le dosseret se trouvera sur le côté opposé. Deux de ses côtés se fusionneront au centre pour former une troisième cloison qui traversera directement le milieu de la surface. Les couleurs seront neutres à l’exception du dosseret en acajou et de la zone ombragée de couleur gris foncé sous le lit. La surface plane du lit se gonflera en doux vallons là où le couvre-lit viendra recouvrir les oreillers Ces objets de confort représentent sur un mode ironique un malaise persistant en raison d’une existence dans un monde imparfait. Ainsi ce corpus se prête à l’idée du désir.

 

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